J.D. SALINGER - The Catcher in the Rye (L'Attrape-Coeurs)

L'Attrape-Cœurs est un roman culte, son auteur : un mystérieux J.D. l’est tout autant. Dire que l’on aime Salinger n’est pas original : l’assassin de John Lennon, notre cher Beigbeder national, Jay McInerney, Ellis et bien d’autres sont ou furent de férus fanatiques. C'est une histoire d'être pop sur soi je crois bien. Pourquoi ? Sans doute pour une raison dans le genre Orangina Rouge : parce que.

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Catcher in The Rye en voilà un livre de chevet, un livre générationnel, un livre culte, révolutionnaire ? Peut-être, peut-être pas. L’ennui c’est que comme tous les livres monstres, il fut mal compris. C’est sans doute ce qui poussa l’auteur du Poisson Banane à se murer dans un silence profond, retiré complètement du monde, en destination ailleurs.

L’histoire est simple comme "alors chérie heureuse ?" : Holden Caulfield, un post-adolescent est viré de son lycée 3 jours avant Noël. Ce n’est pas la première fois, et pour cette raison il ne veut vraiment pas le dire à ses parents. Alors il casse sa tirelire, se barre de son lycée, et prend le train pour New York.

Dans la Grosse Pomme qui ne dort jamais, il va connaître moult aventures : croiser une fille de joie, une petite copine sans plus, aller dans des bars, fumer des cigarettes, se demander où vont les canards de Central Park lorsque l’hiver recouvre le lac… Une sorte de quête initiatique étrange et bouleversante.

On a souvent présenté ce livre comme le premier roman rock'n'roll, une œuvre rebelle, non conformiste. Ce n’est pas entièrement faux mais limiter cette œuvre majeure à cela c’est passer complètement au travers de son essence profonde.

Lorsque J.D. a finalisé l’écriture de ce roman, il rentrait de France où engagé dans l’armée américaine, il prit part à la libération de notre pays, mais aussi à une bataille de la Marne des plus sanglantes. Il vit des amis mourir, des jeunes gens qui n’avaient rien demandé, des hommes dont on volait la vie pour en faire de la chair à canon.

Il ne fut plus jamais le même. Car de ses yeux, il avait vu la barbarie dans ce qu’elle a de plus affreux, de plus morbide, de plus destructeur : Le Chaos. Une fois de retour au pays, ses proches dirent qu’il connu la dépression, la folie. Mais traumatisé, son écriture atteignit sa maturité et il ne devint pas un génie mais se mit à écrire des œuvres géniales.

Ainsi le sens profond de the Catcher in the Rye est ailleurs. Touché par une espèce d’illumination bouddhiste, le projet de Salinger n’était pas moins de créer une œuvre qui puisse toucher les gens et peut-être participer à sauver, ou du moins reconstruire un monde meilleur. Aucune prétention dans cette démarche, de la folie sans doute, de l’humanisme certainement, mais quelle croix Salinger décida alors de porter.

Ce livre a plusieurs sens de lecture qui peuvent s’apparenter à un oasis, où l’on voit ce que l’on a envie de voir. Car Salinger parle dans ce livre, sa voix choisit un instrument original : la personne d’Holden Caulfield. A travers lui, il dit tout en filigrane : son envie de quitter le monde pour vivre loin de tout avec une jeune femme, sa spiritualité, son désarroi vis-à-vis de ce monde…

Chaque année ou presque, souvent lors de la période des Fêtes, je le relis, je le consulte. Par frénésie j’achète toutes les versions publiées de ce livre que je range soigneusement dans une bibliothèque consacré à celui sans qui je n’aurais rien compris à rien.

Monsieur Salinger, je n’irai pas, comme beaucoup l’ont fait, vous déranger dans votre retraiTe. Je ne vous écrirai jamais, je ne veux rien savoir de vous ; vous avez déjà tout dit dans vos livres. Lorsque le jour viendra où vous partirez au ciel, je verserai des larmes. Mais quoiqu’il arrive, je ne veux vous dire qu’une chose : Merci...

Extraits du livre :

- Tu connais la chanson “si un cœur attrape un cœur qui vient à travers les seigles”? Je voudrai…
- C’est "si un corps rencontre un corps qui vient à travers les seigles". C’est un poème de Richard Burns.
Remarquez, elle avait raison, c’est "Si un corps rencontre un corps qui vient à travers les seigles". Depuis, j’ai vérifié.
Là j’ai dit : "Je croyais que c’était "Si un cœur attrape un cœur". Bon, je me représente tous ces petits mômes qui jouent à je ne sais quoi dans le grand champ de seigles et tout. Des milliers de petits mômes et personne avec eux, je veux dire pas de grandes personnes – rien que moi. Et moi je suis planté au bord d’une saleté de falaise. Ce que j’ai à faire c’est attraper les mômes s’ils approchent trop près du bord. Je veux dire s’ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les attrape. C’est ce que je ferais toute la journée. Je serais juste l’attrape-cœurs et tout. D’accord, c’est dingue, mais c’est vraiment ce que je voudrai être. Seulement ça. D’accord, c’est dingue.

D’accord. Les Mr Vinson. Une fois dépassés tous les Mr Vinson, tu vas commencer à te rapprocher de plus en plus – c’est à dire si tu le veux, si tu le cherches, si tu l’attends – du genre de savoir qui sera très cher à ton cœur. Entre autres choses, tu découvriras que tu n’es pas le premier à être perturbé et même dégoûté par le comportement de l’être humain. A cet égard, tu n’es pas le seul, et de le savoir cela t’excitera, te stimulera. Bien des hommes ont été tout aussi troublés moralement et spirituellement que tu l’es en ce moment.
Par chance, quelques-uns ont écrit le récit de leurs troubles. Si tu le veux, tu apprendras beaucoup en les lisant. De même que d’autres, un jour, si tu as quelque chose à offrir, d’autres apprendront en te lisant.
C’est un merveilleux arrangement réciproque. Et ce n’est pas de l’éducation. C’est de l’histoire. C’est de la poésie.

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