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Catcher in The Rye en voilà un livre de chevet, un livre générationnel, un livre culte, révolutionnaire ? Peut-être, peut-être pas. L’ennui c’est que comme tous les livres monstres, il fut mal compris. C’est sans doute ce qui poussa l’auteur du Poisson Banane à se murer dans un silence profond, retiré complètement du monde, en destination ailleurs.
L’histoire est simple comme "alors chérie heureuse ?" : Holden Caulfield, un post-adolescent est viré de son lycée 3 jours avant Noël. Ce n’est pas la première fois, et pour cette raison il ne veut vraiment pas le dire à ses parents. Alors il casse sa tirelire, se barre de son lycée, et prend le train pour New York.
Dans la Grosse Pomme qui ne dort jamais, il va connaître moult aventures : croiser une fille de joie, une petite copine sans plus, aller dans des bars, fumer des cigarettes, se demander où vont les canards de Central Park lorsque l’hiver recouvre le lac… Une sorte de quête initiatique étrange et bouleversante.
On a souvent présenté ce livre comme le premier roman rock'n'roll, une œuvre rebelle, non conformiste. Ce n’est pas entièrement faux mais limiter cette œuvre majeure à cela c’est passer complètement au travers de son essence profonde.
Lorsque J.D. a finalisé l’écriture de ce roman, il rentrait de France où engagé dans l’armée américaine, il prit part à la libération de notre pays, mais aussi à une bataille de la Marne des plus sanglantes. Il vit des amis mourir, des jeunes gens qui n’avaient rien demandé, des hommes dont on volait la vie pour en faire de la chair à canon.
Il ne fut plus jamais le même. Car de ses yeux, il avait vu la barbarie dans ce qu’elle a de plus affreux, de plus morbide, de plus destructeur : Le Chaos. Une fois de retour au pays, ses proches dirent qu’il connu la dépression, la folie. Mais traumatisé, son écriture atteignit sa maturité et il ne devint pas un génie mais se mit à écrire des œuvres géniales.
Ainsi le sens profond de the Catcher in the Rye est ailleurs. Touché par une espèce d’illumination bouddhiste, le projet de Salinger n’était pas moins de créer une œuvre qui puisse toucher les gens et peut-être participer à sauver, ou du moins reconstruire un monde meilleur. Aucune prétention dans cette démarche, de la folie sans doute, de l’humanisme certainement, mais quelle croix Salinger décida alors de porter.
Ce livre a plusieurs sens de lecture qui peuvent s’apparenter à un oasis, où l’on voit ce que l’on a envie de voir. Car Salinger parle dans ce livre, sa voix choisit un instrument original : la personne d’Holden Caulfield. A travers lui, il dit tout en filigrane : son envie de quitter le monde pour vivre loin de tout avec une jeune femme, sa spiritualité, son désarroi vis-à-vis de ce monde…
Chaque année ou presque, souvent lors de la période des Fêtes, je le relis, je le consulte. Par frénésie j’achète toutes les versions publiées de ce livre que je range soigneusement dans une bibliothèque consacré à celui sans qui je n’aurais rien compris à rien.
Monsieur Salinger, je n’irai pas, comme beaucoup l’ont fait, vous déranger dans votre retraiTe. Je ne vous écrirai jamais, je ne veux rien savoir de vous ; vous avez déjà tout dit dans vos livres. Lorsque le jour viendra où vous partirez au ciel, je verserai des larmes. Mais quoiqu’il arrive, je ne veux vous dire qu’une chose : Merci...
Extraits du livre :
- Tu connais la chanson “si un cœur attrape un cœur qui vient à travers les seigles”? Je voudrai…
- C’est "si un corps rencontre un corps qui vient à travers les seigles". C’est un poème de Richard Burns.
Remarquez, elle avait raison, c’est "Si un corps rencontre un corps qui vient à travers les seigles". Depuis, j’ai vérifié.
Là j’ai dit : "Je croyais que c’était "Si un cœur attrape un cœur". Bon, je me représente tous ces petits mômes qui jouent à je ne sais quoi dans le grand champ de seigles et tout. Des milliers de petits mômes et personne avec eux, je veux dire pas de grandes personnes – rien que moi. Et moi je suis planté au bord d’une saleté de falaise. Ce que j’ai à faire c’est attraper les mômes s’ils approchent trop près du bord. Je veux dire s’ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les attrape. C’est ce que je ferais toute la journée. Je serais juste l’attrape-cœurs et tout. D’accord, c’est dingue, mais c’est vraiment ce que je voudrai être. Seulement ça. D’accord, c’est dingue.
D’accord. Les Mr Vinson. Une fois dépassés tous les Mr Vinson, tu vas commencer à te rapprocher de plus en plus – c’est à dire si tu le veux, si tu le cherches, si tu l’attends – du genre de savoir qui sera très cher à ton cœur. Entre autres choses, tu découvriras que tu n’es pas le premier à être perturbé et même dégoûté par le comportement de l’être humain. A cet égard, tu n’es pas le seul, et de le savoir cela t’excitera, te stimulera. Bien des hommes ont été tout aussi troublés moralement et spirituellement que tu l’es en ce moment.
Par chance, quelques-uns ont écrit le récit de leurs troubles. Si tu le veux, tu apprendras beaucoup en les lisant. De même que d’autres, un jour, si tu as quelque chose à offrir, d’autres apprendront en te lisant.
C’est un merveilleux arrangement réciproque. Et ce n’est pas de l’éducation. C’est de l’histoire. C’est de la poésie.
1 De Guillaume -
"popetienne" : tonnerre, serait-ce le gonze-qui-m'agresse-en-me-mal-parlant-sur-forum ?
Dis-le moi, Sylvain, car si tel est la cas je me réserve une réplique des mieux senties (du genre "la nuit quand j'insomniaque je me me relis la phrase "L’histoire est simple comme "alors chérie heureuse ?"" et me bidonne en silence"). C'est beau ce coming out !< Attention toutefois à ne pas dériver vers les excès du personnage que campe Mel Gibson dans "Conspiracy Theory" (il achète compulsivement tous les exemplaires de "The Catcher in the Rye" qui croisent sa route).
Et dire qu'avant de lire le dernier paragraphe, j'allais oser te demander si tu avais visionné le film de Beigbeder sur Salinger...
2 De A-Funk -
En concluant ton commentaire, tu me donnes une certaine gerbe. Comment oses-tu diriger chaque individu dans sa façon de percevoir ce roman ? Toute pensée le comprend comme elle le veut et comme elle le doit. L'attrape-Coeurs est un mythe, comme Dieu ou la séparation de la mer Rouge, on ne veut rien savoir dessus.
Tu exaltes devant cette écriture et cette pensée révolutionnaire, contre la société et ses déchets comme la consommation mais tu en es toi même un parfait acteur; tu avoues avoir acheter ce livre dans toutes ses éditions possibles ...
J'ai lu ce livre plusieurs fois, le baptême s'est fait à 11 ans, j'en ai aujourd'hui 15... le relis depuis ces nuits là et l'intèrprête d'une autre manière en ayant l'espoir à la fin de ma vie, pouvoir le saisir exactement comme Salinger l'aura voulu.
Mais en ce moment je pleure car tu oses affirmer à tout le monde et notamment à moi comment tu comprends son apothèose.
Je t'en veux, tu es la pire ordure que la littérature ait connu, que Salinger te traîte comme tu le mérites.
3 De etienne -
tu as raison ! je suis trop ok avec toi girly !
Il me dégoute ce pseuso-chroniqueur qui se touche sur ces pseudos chroniques, comprends rien. ON touche pas à Salinger ! Qui il est lui ? pffff un intello 1er de la classe je suis sûr, friqué, et snob !!!
et encore tu n'as pas lu ses livres! infect, un fleau, une malédiction !!!!!
on devrait le tuer !!!!
à mort !
sinon j'ai 30 ans, t'en as 15, t'écris bien, on se fait un tchat sur msn ?
4 De Pale -
On trouve un bel hommage à Salinger tout au long de la série animée Ghost in the Shell. Elle en reprend certains passages, certaines citations de L'Attrape-Coeur.
Ce sont des épisodes très profonds et qui abordent à leur manière l'importance de la vie humaine dans un monde fortement cybernétisé. L'importance du Ghost, l'âme qui semble être le dernier rempart de l'humanité.
5 De etienne -
tu viens de me donner une excellente raison de commencer à regarder cette série
merci du tuyau