Record Makers :: 2008 :: acheter ce disque
Rest In Peace Sigmund.
Le sexe est devenu bien plus consommation que libération : on en parle à toutes les sauces : dans les médias, au café, en boîte de nuit, à tel point que cela en devient commun, facile, jetable donc vulgaire et dégoutant.
Voulez-vous coucher avec moi ce soir ?
French Kiss....
Dieu merci : un homme en costume blanc, à la barbe noire comme ses lunettes et aux cheveux longs sort de son hélicoptère. Il est en mission célèbre ; il accourt comme un chevalier des temps modernes, super-héros façon James Bond, non pas en rut, mais en mue artistique constante. Pile à l'heure, Sébastien vient, tout droit sortie de la maison Tellier, ouf il était moins une. +1
Nous commençons à bien le connaître cet animal pensant. De L'Incroyable Vérité à ses Sessions Romantiques, il suit son chemin sans contrainte, et toujours avec une logique, un but que lui seul connaît, que lui seul poursuit.
Pourtant, Sexuality déroute, divise, déplaît ou séduit, à la folie, passionnément, pas du tout ? C'est oublier une chose essentielle sur cet artiste : son côté maniaque qui ne laisse rien au hasard. Tellier est joueur certes, mais il est, avant tout, un cérébral qui pense et conceptualise sa musique.
C'est toute la différence entre le sexe et la sexualité. Subtil, élégant, pour mieux apparaître nu, il décide d'habiller ses sons avec une autre moitié : Guy-Manuel de Homem Christo des Daft Punk. Manque une muse ? Même pas, il fait simple en choisissant la femme de sa vie : Amandine de la Richardière, dont les murmures jouissant peuplent le titre "Pomme".
Fini l'accoustique, Sexuality déborde de synthés ; des synthés dégoulinant de sève, transpirant l'amour charnel et spirituel, à mi-chemin entre les Beach Boys et Timbaland. Osé ? Oui, c'est osé, gonflé même, mais surtout excitant, pour ne pas dire bandant.
Car Tellier décide volontairement de simplifier sa musique, de la rendre plus accessible, plus directe. Le titre single "Divine" illustre cette volonté. C'est parfait : des chœurs synthétiques sur un rythme entêtant, et le tout finit sur des notes de piano langoureuses.
Mais Sexuality est avant tout une odyssée 69 : de "Roche" au sublime "L'Amour et la Violence", il tente un Kâma-Sûtra périlleux et varié. Il parle aussi bien de l'érotisme des tenues sportives que de ses souvenirs de vacances à côté de Biarritz. Mais son message se veut universel : aimez-vous comme vous voulez, mais aimez-vous plus que tout.
Dis-moi ce que tu penses
de ma vie, de mon adolescence
Dis-moi ce que tu penses
j'aime aussi l'amour et la violence
C'est beau, c'est ludique et même si le disque s'achète, ca n'a pas de code barre.
1 De Christian -
Ben je te suivrais pas sur ce coup là, l'ami.
La sexualité, c'est pas hype, ni gnagnan.
Simplifier sa musique, ce n'est pas l'emmener vers le superficiel.
Cette musique, pour moi, c'est presque rien.
Je ne suis peut être pas encore assez léger pour l'apprécier. Va savoir.
2 De etienne -
Ca prend des allures de "vieux débat" ce disque, j'apprécie
"la sexualité c'est l'histoire des amants" pour reprendre Coben, après c'est du cas par cas.
je ne l'ai pas souligné plus haut, mais c'est un disque provocant ou plus exactement de provocateur. Peut-être que le manque de provocation actuelle influe sur mon jugement mais je m'en voudrai de dire "c'est générationnel", (et je ne reparlerai pas de Sheitan non plus, (:)
en fait Christian, c'est peut-être le "déjà vu" ou le "déjà entendu" qui fait ce désaccord, ou tout simplement la sensibilité qui, à l'écoute, me suggère une chose alors que pour toi, c'est différent
pour me racheter un peu de Herman Hesse :
"Et Siddhartha dit tout bas, comme s'il parlait à lui-même : "Qu'est-ce que la méditation ? Qu'est-ce que l'abandon du corps ? Qu'est-ce que le jeûne ? Qu'est-ce que retenir sa respiration ? C'est fuir de son moi, c'est échapper pour quelques instants aux tourments de son être, c'est endormir pour un temps la douleur et oublier les extravagances de la vie. Mais tout cela, le premier bouvier venu le trouve dans une auberge, en buvant quelques coupes de vin ou de riz ou de la lait de coco fermenté ! Alors il s'oublie soi-même, il est devenu insensible à tout. "
3 De codotusylv -
Bien sûr qu'il y a une grosse part de hype avec Sébastien Tellier, mais ça serait dommage de ramener ses disques à ça. C'est kitsch, c'est sur-pop, c'est pile poil la musique que l'on devrait détester, et pourtant, c'est bien. Le hype vient après, et justement du sentiment de supériorité qu'on peut avoir à aimer VRAIMENT cette musique.
Quant au superficiel, c'est un adjectif qui va bien à toutes les musiques pop. Les Beatles c'est superficiel, le punk rock c'est superficiel, Public Enemy c'est superficiel. Et c'est précisément pour cela que c'est bien. Rien de plus chiant qu'une musique en quête de "profondeur", de "spiritualité", ou de je-ne-sais quelle autre connerie de ce genre. C'est quasiment ce que Tellier nous dit, notamment dans les passages de sa musique où il joue ironiquement avec l'emphase.
4 De Christian -
Oui, disons que superficiel n'est pas l'adjectif adéquat, et préférons "léger". Mais qu'est-ce qui fait que tu trouves ça bien ? Que tu entends dans cette musique un discours intelligent et ironique ?
Les albums précédents de Tellier j'imagine... La ou tu entends de la distance et de l'ironie qui te rends passable cette petite musique, moi je ne vois qu'un artiste qui descend, qui fait des albums de plus en plus anecdotiques. Un potentiel en berne.
Je ne suis pas trop d'accord non plus sur l'affirmation que rien n'est plus chiant qu'une musique en quète de "profondeur" et de "spiritualité". Je déplore par contre, comme toi je crois, le manque de légereté de beaucoup de ces musiques là, le coté ascète, pas assez sexy. L'humour, la naîveté, la fraicheur, la sensualité peuvent pour moi s'allier à profondeur et à spiritualité. Et ça c'est "bien", comme tu dis.
Chez Tellier, je n'entend rien de tout ça. Hype et ironie oui. Une musique de snob. Une musique de son temps.
5 De namor -
alors moi je vais y aller franco, je considère cet album comme l'un des meilleurs disque pop de ces 10 dernières années. Cet amalagame entre légèreté et noirceur, la désillusion d'un mec blasé de la jet-set doublée d'une furieuse volonté presque naive de croire en la vie fait que ce disque n'est absolument pas dénué de profondeur, elle est juste exprimée sous une forme simple qui peut toucher chacun grâce à des harmonies immédiates. Ca me rappelle toute la vague italo-disco des 80's et l'excellent label Italians Do It Better. Parfait!!!!