YOJI YAMADA - Le Samouraï du Crépuscule

Tasogare Sebei est un samouraï. OK ça, c’est dans le titre. Il vient de perdre sa femme, et du coup, il a à sa charge ses deux filles en bas âge et sa mère qui devient sénile comme un homme politique. Les finances de la famille sont difficiles. Le kimono de Tasogare devient haillons, et son apparence se néglige. Il n’a plus de temps à lui et sa vie prend des allures de labeur sans fin.

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Lorsque ses collègues finissent leur travail, ils vont boire et s’amuser. Lui, ne peut pas se le permettre. A la tombée de la nuit, il rentre directement chez lui, ce qui lui vaut le surnom de "Mr Crépuscule".

Autour de lui, tout le monde lui conseille de se remarier, plus pour alléger ses tâches que par amour véritable. Il ne veut pas de ça, n’y pense même pas, jusqu’au jour où la belle Tomoe, son amie d’enfance fraîchement divorcée, vient chambouler sa vie.

Film de samouraï oblige, au début, cela m’a fait penser à Akira Kurosawa, à Après la Pluie notamment. Mais très vite, la référence s’oublie et le film gagne son identité propre.

Car oui, c’est un film de samouraï, mais ici, être samouraï est un travail comme un autre. D’ailleurs, Tasogare Sebei passe plus de temps à faire l’inventaire des sardines qu’à manier son sabre. L’époque est au changement, les premiers fusils arrivent, la voie du sabre semble bien lointaine.

Le réalisateur, Yoji Yamada, dresse avec maestria un véritable tableau en mouvement : décors superbes et pittoresques, esthétique très contemplative. C’est un plaisir pour les yeux.

Il filme avec une finesse inouïe la vie de ses personnages, et illustre, de la même manière, les différences sociales qui peuvent exister entre les chastes.

Le tout est servi, comme il se doit, par des acteurs exceptionnels : Hiroyuki Sanada et Rie Miyazawa entre autres.

Peu de sabres, d’action à proprement parler, rythme lent, suspendu mais l’intérêt est ailleurs. Car Le Samouraï du Crépuscule est un conte, sur un pays en mutation, sur l’amour, et sur un homme résigné qui aspire à une vie simple.

Tout cela semble parfois absurde, comme lorsqu’on se réveille en sursaut au milieu de la nuit et qu’on se dit : "merde, qu’est-ce que je fous là ?"

Réaliste donc, émouvant aussi, pour résumer : un très très beau film.

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