DOC GYNECO - Première Consultation

Je ne sais pas mais certains artistes sont chiants. Parfois ils disent tout en une œuvre, un rôle, un tableau, et pourquoi pas une attitude. C’est triste lorsqu’on y pense, reste une question : et après ?

Virgin :: 1996 :: acheter ce disque

Enchaîne comme Kool Shen : peuvent-ils encore créer par la suite ou sont-ils "condamnés" à faire moins bien et donc à décevoir ? Histoire de passer le temps, on va jouer au jeu des 7 familles… Dans la famille Secteur Ä, je demande le chouchou, l’enfant gâté, celui qui dans le civil se nomme Bruno Beausir alias le Docteur, Point G ; cuisses et crânes écartées, open comme les bars à… Je le néco, tu le néco : Le Doc Gyneco. Consultable depuis 1996, pas de prise de tête, encore moins de prise à 4 pattes ; nous ne sommes pas des animaux tout de même _ Stop_ Viens Voir le Docteur_ Pause_ N’aie pas Peur_ Lecture__

Tenu éloigné du niveau des pros, je reviens agile comme Bebeto

L’histoire commence en partant du zéro : au début il y’a un mec, à l’intensité flegmatique, qui suit ses amis. Et, ses amis fréquentent à temps partiels les studios d’enregistrement : Ministère A.M.E.R.

Laisse-moi passer, je suis chirdé, je suis foncedé
laisse-moi passer, c’est à moi de donner

Un featuring et la comédie commence : pseudo, rimes, style nature, typique, facile, et ça ne tient qu’à un fil. Au final, ça le F comme un renard enfumé. Le label Virgin est séduit. De Buretel y officie, il sent l’odeur sulfureuse et talentueuse de ce gosse un brin surdoué. Hop, signé, reste à graver sur sillons de drôle de chansonnettes.

Dans ma rue, les lascars se serrent la main
ce n’est pas comme dans le show-biz où les mecs se font la bise

Bruno est sur la voie royale, tranquille le Doc : il a tout ce qu’il veut ; de purs musiciens, arrangeurs, ingé du son, des conditions de rêves : la Californie, ses palmiers, ses épices. Ne manque plus que les textes et le chant. Encore une fois, facile, lui-même le clame ; façon Platoche au coup-francs. Ne pas oublier le catalyseur, le producteur, un certain Ken Kenzie, Kenzych pour les intimes.

Marqué par la stratégie marketing du Wu-Tang, donc de Rza, Kenzie l’adaptera à la française : Stomy Bugsy, Passi, Arsenic, Neg’Marrons, Pit Bacardi ; une écurie prête à envahir les bacs et les ondes hertziennes. Ca tombe pile poil bien, il faut passer plus de "francophonie" à la radio et en bonne opportuniste Skyrock deviendra Skyrap (-à l’eau ?)

Le docteur ne joue plus au fraudeur
J’achète des tickets par simple peur d’avoir à buter un contrôleur

La suite ? Une demi-douzaine de tubes, des featurings à outrance, une aura démesurée et démultipliée alors que la liberté se gagne dans la solitude. Cette première consultation dépassera le million d’exemplaire vendus, fait réservé aux chanteurs à fans type Sardou, Jojo, Souchon, et pas souvent d’ailleurs...

La gloire est venue, dilemme éternel : Docteur Gyneco ou Mister Beausir ? Qui avale l’autre ? Tout cela appartiendra aux petites histoires de la variétoche à la française.

Reste le disque : ovni complet, suffit de regarder la pochette prise en flag dans la chambre d’époque du vilain petit rappeur. Niveau sonorités ? Affirmatif, du melting-pot bien secoué généralement à base de G Funk et de Dom Tom. C’est frais, relevé et original comme le papier Zig Zag Orange : "Le Zouave". Le Doc sait user de ses médicaments : à la fois arrogant, rêveur, pervers…en passant par jeux de mots, clin d’œil coquin et romantisme allemand. Touché-Flatté-Caressé

Le rappeur gangsta tue devant les caméras
et regagne la villa en Porsche Carrera
tes états d’âme sont pour moi comme les états d’Amérique
Copieur

Par la suite, certains l’ont surnommé le "Gainsbarre du rap français". La comparaison est plus que flatteuse, mais les points de rencontre sont nombreux : l’amour de la provocation, le second degré, l’envie de joueur pour le plaisir ; un peu comme Herbert Léonard en son temps.

Les gros tubes grillés mis à part, il reste de purs moments d’humour, d’ironie et de polissonneries.

Si Afrika Bambaataa te l’a mis dans la baba
moi j’ai toujours la foi en Diego Maradona
arrêtez de lui prendre la tête
arrêtez de jouer aux zoulettes
y’a que du rap à l’eau sur toutes les radios

N’oublions pas le sexe, la baise, les fantasmes, il en parle malin aux lèvres ou à la langue plutôt. Osons la perversité Elkabbach !

Travaille tes mathématiques en mesurant ma trique

Quoiqu’il en soit, le concept de l’album était assez simples : les chroniques ordinaires d’un jeune homme dans une vie "chaos organisé". Sublimer son quotidien, s’en moquer, l’aimer, le détester mais avant toute chose : l’envie.

"Que l’on me donne l’envie d’avoir envie" pour reprendre notre Jojo national. Pas sûr que ce désir soit resté au côté de Bruno Beausir. A l’occasion, il devrait en parler avec un de ses potes haut placé : l’état de grâce s’arrête un jour ou l’autre. Et Après ? Alea jacta est.

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