Novo Ciné :: 2002 / 2005
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Que faire lorsque les revendications du peuple ne sont pas entendues, ou pire, méprisées par les élus ? C’est une grande question, la légitimité des élus prévaut-elle sur la légitimité du peuple ? Et au fond qui peut proclamer ce qui est légitime et ce qui ne l’est pas ? Avant d’exploser des neurones là-dessus, je vais peut être revenir sur le doc. Pour une majorité de personnes seventisées, il faut agir : sit-in, manifestations, protestations. Mais au final : peu d’échos, les choses semblent rester statiques.
Alors, le mouvement va se radicaliser, une poignée d’étudiants vont devenir les weathermen (en référence à une chanson de Bob Dylan : "you don't need a weatherman to know which way the wind blows").
Leur but ? Tout simplement : la révolution. Leur cible ? Le gouvernement américain. Leurs moyens ? Le terrorisme. Certes, il s’agit de faire exploser des lieux symbolisant l’establishment en l’ayant au préalable évacué. Mais cela reste du terrorisme.
Questions, questions… JFK disait : "ceux qui empêchent la révolution pacifique rendent la révolution violente inéluctable".
Oui mais une révolution peut-elle se dérouler sans violence ?
Les protagonistes du Weather Underground : Bernardine Dohrn, Mark Rudd, Brian Flanagan, David Gilbert, Bill Ayers, Naomi Jaffe entre autres, reviennent sur leurs actions en apportant leurs précieux témoignages sans langue de bois aucune.
De leurs révoltes : le Vietnam, la ségrégation des noirs, le mépris de Nixon, à leurs radicalisations ; interdiction de la monogamie, posage de bombe, dérives idéologiques. Le F.B.I. sera sur leurs dos et ils seront contraints de vivre dans la clandestinité en coupant les ponts avec leurs proches.
The Weather Underground est un documentaire historique passionnant. Ayant moins de 30 ans, cette partie de l’ombre m’était quasi-inconnue. L’enjeu était important : pour ou contre le capitalisme à outrance. Oui la révolution a eu lieu, mais qui l’a gagnée ?
Y’a un MacDo sur la place rouge de Moscou, voilà pour la réponse. En 1960, la jeunesse rêvait d’une autre société, aujourd’hui on aspire à un CDI dans la fonction publique. C’est moins bandant tout de même. Le climat de ces années-là était tendu, rempli d’excès d’un côté comme de l’autre : les assassinats suspects de Kennedy, de Martin Luther King, plus d’autres leaders noirs et puis la violence terroriste du Weather Underground.
Rien, mais rien ne peut justifier l’action des parties engagées, ni les intérêts financiers, ni les intérêts politiques ou idéologiques.
Car tout cela, aujourd’hui, avec le 11 septembre, prend une dimension très actuelle. En effet, les weathermen pensaient avoir l’autorité morale avec eux, elle justifiait leurs actes. Tout de suite, c’est dangereux, extrémiste et destructeur.
La plupart le regrettent, ils semblent déçus aussi, parfois honteux. Pas de solutions, mais beaucoup de questions sont soulevées par ce doc. Des questions importantes, passionnantes, peut être vitales même.
1 De Newton -
Vu il y a genre 2 ans et demi et j'en ai gardé un bon souvenir : autant dans le récit que dans l'analyse politique et la manière dont les ex-Weathermen expliquent l'impasse idéologique et politique qui les a poussés à se tourner vers le "terrorisme". La fuite en avant lorsqu'on se croit investi d'une mission d'ordre moral (au moins).
Et puis le climat très loin du glamour 70's resté dans la conscience populaire. C'est quand même bien mieux que le tout niais "Der Baader Meinhof Complex" vraiment clichetonneux.