J. G. BALLARD - Crash

Petit synopsis : la voiture de James Ballard percute celle du couple Remington. Le mari meurt, la femme survit mais en garde de nombreuses blessures aux jambes. "Avait-elle compris ce qui s’était passé dans la voiture ? Se rendait-elle compte que j’avais suivi cette route de nombreuses fois, dans de nombreux véhicules, et que par cette mort dont elle parlait j’avais célébré l’union de mon orgasme et de nos blessures." De cet accident, naît une rencontre sur les lieux même du Crash revisité : Ballard et Helen Remington vont s’unir entre le métal et la mort.

Denoël :: 1973 / 2008
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Traduit de l'anglais par Robert Louit

Un nouveau personnage entre en scène : Vaughan. C’est un type qui roule dans une Lincoln noir décapotable. Il a du cambouis, du sperme, de la crasse sur le tee-shirt ou sur le jean. C'est un double, un bad guy playboy, dangereux et bien entendu fascinant. Vaughan vit pour et par les accidents. Cela lui procure excitation sexuelle, charnelle, mais aussi spirituelle. Il rêve de mettre en scène le crash-car d’Elisabeth Taylor. Il voit cela comme une apothéose. Mais de quelle apothéose s'agit-il ?

Avec un peu d’organisation, elle pourrait trouver la mort dans une collision unique, dans un accident qui transformerait tous nos rêves, tous nos fantasmes.

Crash est un roman pornographique : la mort / la jouissance, le spasme / l’orgasme, le va et vient des véhicules / le va et vient des corps, la chair / le métal. Tout se lie et se délie. C’est une quête de plaisirs violents ; d’êtres perdus qui veulent désormais se perdre ensemble. C'est aussi un roman pop mélangeant aussi bien Sade que Warhol.

A l’aide de nos cicatrices, nous avons célébré la renaissance des massacrés de la route, la mort et les blessures de tout ceux que nous avions vus agoniser sur un bas-côté, les lésions fictives et les attitudes des millions qui mourraient encore.

Le livre est assez différent du film, oui parce qu'il faut parler du film de Cronenberg, palme d'or à Cannes, peut-être son meilleur film, sans doute le plus féminin. Des femmes ont avoué s'être donné du plaisir en regardant ce film. Erotique, oui, sado-masochiste, certainement, mais un sm de métal, un sm futuriste, un sm de fantasmes...

L’ambiance de l’aéroport et de l’autoroute, par son flux et son reflux permanent de véhicules, est oppressante au possible ; angoissante et atirante. L’attraction, la fascination engendrée par Vaughan plus forte, plus crade : Ballard voudrait toucher le corps de cet autre homme, se donner à lui.

Je ne sais pas si Crash est un chef d’œuvre, je m’en fous, c’est un livre avec de la moelle, avec des sécrétions, du sperme coulant sur une carrosserie voilée, de la morve essuyée sur une banquette arrière. C’est un livre qui donne envie de mettre la clé dans le contact. Un livre anglais et pour parodier le grand Will : No Man is a Car-Crash.

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